Le rapport annuel de Tennaxia révèle les défis que rencontrent les entreprises françaises face à la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), qui les oblige à publier des rapports de durabilité d’ici 2025. Cette directive impose des exigences strictes en matière de transparence sur l'impact environnemental, social et de gouvernance (ESG), et les entreprises sont encore en phase de collecte et de structuration des données.
La CSRD introduit le concept de double matérialité, obligeant les entreprises à évaluer non seulement l'impact des enjeux environnementaux et sociaux sur leur modèle économique, mais aussi leur propre influence sur l’environnement et la société. Selon le rapport, 76 % des entreprises n’ont pas encore effectué cette analyse, bien qu’elle soit essentielle au rapport de durabilité. Par ailleurs, près de la moitié des entreprises interrogées expriment des doutes quant aux méthodes et au contenu de ce reporting.
Un autre défi majeur réside dans la collecte des données. Environ 60 % des entreprises restent incertaines quant à la manière de collecter les données ESG, et plus d'un tiers ignorent où trouver certaines informations critiques. La gouvernance des données pose également problème : 67 % des entreprises n'ont pas d'équipe dédiée pour contrôler et valider ces données, illustrant un retard dans l’organisation des structures internes nécessaires pour répondre aux exigences de la CSRD.
En termes de profondeur du reporting, la majorité des entreprises prévoient de traiter un nombre limité de points de données par rapport aux 1 179 prescrits par les standards européens. Seulement 44 % traiteront moins de 500 points de données, et la moitié de celles analysées seront qualitatives. Ce choix suggère que les entreprises priorisent une approche allégée, en réutilisant des données déjà collectées pour d'autres rapports obligatoires.
L’alignement des entreprises sur les plans de transition pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, exigé par la CSRD, est également retardé. Seules 36 % des entreprises interrogées ont défini une trajectoire de décarbonation compatible avec les objectifs climatiques de 1,5°C. La mise en œuvre de ces plans reste un obstacle pour 48 % d'entre elles, illustrant la complexité de cette nouvelle obligation.
Enfin, les entreprises recherchent des prestataires pour accompagner leur transition vers la CSRD. Près de 61 % envisagent un soutien externe, un chiffre en forte hausse. Pour la validation de leurs rapports, la majorité prévoient de recourir à un commissaire aux comptes, privilégiant la continuité avec leurs données financières, afin de réduire la complexité perçue de cette démarche.