La "Science Based Targets Initiative" (SBTi), principal label de vérification des objectifs climatiques pour les entreprises, a récemment qualifié les crédits carbone d'« inefficaces » et potentiellement risqués pour les entreprises visant la neutralité carbone. Ces crédits, souvent utilisés pour compenser les émissions de gaz à effet de serre, sont générés via des projets supposés réduire ou éviter ces émissions, tels que des initiatives de prévention de la déforestation. Toutefois, ils sont souvent considérés comme des solutions de façade permettant aux entreprises de continuer à polluer tout en affichant un engagement climatique.
En avril 2024, la SBTi avait fait face à des critiques internes et de la part d'ONG après avoir envisagé d'autoriser l'utilisation de crédits carbone pour compenser les émissions indirectes des entreprises. Ce débat a mis en lumière les limites de ces mécanismes de compensation, jugés peu rigoureux. Après une revue approfondie de la littérature scientifique, la SBTi a publié ses conclusions en juillet : la majorité des crédits carbone sont inefficaces et représentent des risques, notamment en freinant la transition des entreprises vers une véritable neutralité carbone. Aucun critère spécifique ne permettrait de garantir l'efficacité de ces crédits.
Doreen Stabinsky, membre du conseil technique de la SBTi, a souligné que les crédits carbone, quels qu'ils soient, ne devraient pas être utilisés pour compenser les émissions provenant des énergies fossiles. Cette prise de position est une réponse aux critiques croissantes contre ce système de compensation, de plus en plus vu comme un passe-droit pour continuer à polluer. Le directeur général de la SBTi, Luiz Amaral, a démissionné début juillet, officiellement pour des raisons personnelles, dans un contexte de polémique autour de la question de l'autorisation des crédits carbone.
La SBTi, soutenue par des organisations comme le WWF, le Pacte mondial des Nations Unies, et financée par des institutions telles que le Bezos Earth Fund et la Fondation IKEA, reste une référence dans l'évaluation des objectifs environnementaux des entreprises. Cependant, cette controverse remet en question la place des crédits carbone dans la lutte contre le réchauffement climatique.
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